Actualités 17 juin 2025

SPORT TOUCH & TECH : Comment la sportech française réinvente l’industrie du sport avec créativité, innovation et impact

L’écosystème sportech français connaît une dynamique sans précédent, nourrie par une convergence puissante entre innovation technologique, culture et événementiel sportif. À l’occasion de Sport Définition à l’Adidas Arena, cinq experts engagés ont partagé leur vision de la filière, ses enjeux de structuration, ses perspectives de croissance et l’indispensable ancrage territorial. L’objectif est clair : transformer la France en véritable nation sportive, connectée à son tissu entrepreneurial, technologique et culturel. De la start-up aux grands groupes, de la gamification aux industries créatives, les leviers d’accélération sont nombreux et mobilisent autant les pouvoirs publics que les investisseurs et les sportifs eux-mêmes.

Image Sport Touch & tech

Un écosystème sportech français en structuration, porté par une dynamique d’innovation et de collaboration

La filière sportech en France bénéficie aujourd’hui d’une structuration croissante, portée par des initiatives collectives comme celle de SporTech France, présidée par Jacques D’ARRIGO. Ce collectif regroupe 150 start-ups innovantes du sport, engagées sur les terrains de l’inclusion, de l’impact environnemental et de la gamification. Footbar, par exemple, propose un objet connecté autour du mollet des footballeurs, couplé à de l’intelligence artificielle pour analyser les mouvements techniques. De son côté, MyCoach, fondée par Cédric MESSINA en 2012, illustre la maturation du marché avec deux branches distinctes : MyCoach Sport pour les fédérations, et MyCoach Pro pour les clubs professionnels. Aujourd’hui, 80 % des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 sont équipés. Ces entreprises démontrent que la sportech évolue d’un eldorado vers un marché structuré, où la rentabilité et les modèles économiques durables deviennent prioritaires. La logique d’investissement suit : +25 % de levées de fonds en France en 2023, contre une tendance mondiale à la baisse. Cette structuration se double d’un besoin de collaboration renforcée entre start-ups, grands groupes et institutions publiques pour accélérer l’émergence d’une filière lisible et souveraine.

 

Des grands événements comme catalyseurs : Jeux Olympiques, French Touch et création de nouvelles marques sportives

La perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 agit comme catalyseur pour la sportech française. Pierre MOREAU, en mission pour LVMH, souligne l’ambition du groupe d’incarner le « partenaire créatif » de ces Jeux, en livrant des savoir-faire à travers des créations signées Chaumet, Berluti ou Louis Vuitton. Cette approche illustre une vision élargie du sport comme levier culturel et économique, intégré à la French Touch. L’idée est de faire du sport le septième pilier des industries culturelles et créatives françaises (ICC). Magali TEZENAS DU MONTCEL, Présidente et directrice générale de AthléA Sport Consulting, plaide pour que le sport soit pleinement reconnu comme un secteur économique à part entière. Le lien est évident : gastronomie, design, savoir-faire locaux, événementiel… Les grands événements sportifs deviennent des vitrines de l’excellence française, tout en créant de nouvelles IP (propriétés intellectuelles) inspirées de modèles comme l’UTMB ou la Kings League. Pour pérenniser cet élan, il s’agit de capitaliser sur les actifs existants (Tour de France, Roland-Garros, Vendée Globe) tout en accompagnant les collectivités à créer leurs propres événements grâce à des outils technologiques accessibles développés par les start-ups françaises.

 

Une sportech inclusive et à impact : l’innovation responsable comme moteur de transformation sociétale

La sportech française s’affirme également par son engagement sociétal et environnemental. L’innovation n’est pas seulement technologique, elle est aussi sociale. Jacques D’ARRIGO insiste sur la notion d’impact : des entreprises du collectif comme Touch2 permettent aux malvoyants de suivre des matchs sur tablette tactile, tandis que StadiumGO développe des solutions de covoiturage vers les stades. Cette volonté de rendre la pratique sportive plus accessible touche aussi la jeunesse et les seniors, via la gamification et la lutte contre la sédentarité. La dimension territoriale est également forte : le PAC à Lyon, dirigé par Lauryne CHEZE, accompagne les start-ups sportives dans leur croissance locale. Avec l’appui du Village by CA et de partenaires comme le Lou Rugby, cet accélérateur favorise le développement d’une économie utile au territoire et créatrice d’emplois. Ces structures permettent aux jeunes entreprises de doubler leur chiffre d’affaires tout en conservant leur ancrage régional. Cet impact extra-financier, fondé sur l’innovation et l’utilité sociale, participe pleinement à la transformation du modèle économique du sport.

 

Clarification des modèles économiques et renforcement de la souveraineté: les défis clés pour accélérer la croissance

Malgré l’élan positif, plusieurs défis persistent. Cédric MESSINA alerte sur la nécessité de clarifier les modèles économiques, notamment dans les relations entre start-ups et grands groupes. La collaboration, bien que prometteuse, peut parfois être déséquilibrée, voire risquée pour les jeunes pousses si les processus décisionnels s’étirent. Il plaide pour un cadre plus solide, objectif et simple, qui permette à la filière d’éviter les écueils de subjectivité. Sur le plan de la souveraineté, plusieurs intervenants soulignent le besoin de protéger les solutions françaises face à la concurrence internationale, mieux dotée en capitaux. Des modèles comme Amazon Sport pourraient bouleverser la chaîne de valeur sans anticipation. La France dispose pourtant d’un tissu entrepreneurial performant, d’un système éducatif ingénieur de haut niveau et d’acteurs investis – à l’image de Hugo Lloris chez MyCoach. L’émergence de fonds spécialisés, comme Origine (cofondé par Blaise Matuidi), et l’implication croissante d’athlètes dans la sportech (24 % des investissements) ouvrent des perspectives fortes pour construire un écosystème souverain et durable.

 

Une dynamique d’ensemble à amplifier pour bâtir l’après-Jeux et faire de la France une nation sportive innovante

Les Jeux de Paris 2024 doivent être une rampe de lancement, non une finalité. Tous les intervenants s’accordent sur l’urgence d’amplifier la dynamique actuelle. Jacques D’ARRIGO évoque le précédent londonien, où la ferveur olympique a permis une décennie de développement sportif tous azimuts. Magali TEZENAS DU MONTCEL appelle à capitaliser sur l’élan collectif en favorisant la connexion entre acteurs et la mutualisation des efforts. Lauryne CHEZE souligne le potentiel transversal du sport, en lien avec la santé, l’éducation ou la mobilité. Le sport peut concerner tous les publics, bien au-delà de la pratique professionnelle. Enfin, Pierre MOREAU propose la création d’une véritable « boîte à outils » à destination des collectivités, pour leur donner accès aux solutions innovantes de la sportech. Cette approche bottom-up, soutenue par les politiques publiques, permettrait de structurer durablement la filière tout en généralisant l’accès à l’innovation. L’objectif : faire émerger un tissu solide de PME sportives innovantes, créatrices de valeur économique et d’impact social sur tous les territoires.

La sportech française dispose aujourd’hui de tous les atouts pour s’imposer comme un moteur structurant de l’économie du sport et un levier puissant d’innovation au service de la société. Les synergies entre start-ups, grands groupes, institutions publiques et athlètes sont en train de redessiner les contours d’un nouveau modèle. Ce modèle repose sur la créativité, l’impact, la technologie et l’inclusion. L’après-Jeux sera décisif pour concrétiser cette ambition collective. Plus qu’un simple secteur, la sportech devient un vecteur de transformation à l’échelle nationale.

Actualités 17 juin 2025