Actualités 23 décembre 2025
Entretien avec Julien Pierre, président de Fair Play For Planet : du terrain à l’entrepreneuriat
Ancien rugbymen professionnel, Julien Pierre a troqué la casquette de deuxième ligne pour celle d'entrepreneur. Porté par son engagement en faveur de la protection de l'environnement, il crée en 2020 le label Fair Play For Planet, aujourd'hui largement reconnu parmi les acteurs du sport. Il nous en dit plus.
Q1. Comment est née l’idée du label Fair Play For Planet ?
Depuis des décennies, il existe un lien fort entre sport et engagement sociétal. Beaucoup d’actions sont menées en ce sens par les institutions, les fédérations et les clubs. Ce n’était pas forcément le cas en matière d’environnement et d’écologie, et je trouvais ça dommage, surtout quand on sait que le sport est un levier pédagogique très puissant. En parallèle, on voyait émerger des chartes et des normes environnementales, mais aucun outil universel pour identifier, mesurer ou valoriser l’ensemble des acteurs du sport sur ces aspects écoresponsables. L’idée s’est en quelque sorte imposée à moi. Et quand autour de moi, j’ai commencé à entendre que je me lançais dans un projet un peu fou et ambitieux, j’ai su que je m’orientais dans la bonne direction.
Q2. Vous lancer dans un défi aussi ambitieux vous a-t-il aidé à franchir la bascule du statut de joueur professionnel à entrepreneur ?
Sans aucun doute. J’ai très vite retrouvé ce parfum d’adrénaline et cette motivation à atteindre des objectifs ambitieux. Quand on stoppe sa carrière, le plus compliqué à gérer, c’est de se retrouver face à un emploi du temps vide, parce qu’on l’a rempli pour nous pendant une quinzaine d’années. La chance que j’ai eue également, c’est que j’ai pu décider de la fin de mon aventure sportive. J’ai pu choisir ma dernière saison et mon dernier match. Mentalement, ça fait une grande différence. J’avais également une première expérience dans le monde de l’entrepreneuriat avec Play For Nature, un fonds de dotation pour lequel j’occupais – et j’occupe toujours – le rôle de président. La transition entre ces deux mondes s’est donc faite assez naturellement, d’autant plus que je côtoyais déjà des entrepreneurs, auprès de qui j’ai pu beaucoup apprendre au cours de ces années.
Q3. Votre label est attribué aux acteurs du monde sportif (fédérations, établissements, événements et clubs) qui remplissent un strict cahier des charges, notamment en matière de respect et de sensibilisation à l’environnement. Avez-vous le sentiment que de plus en plus de structures jouent le jeu et cherchent à adopter des comportements plus responsables ?
Totalement. On reçoit de plus en plus de demandes de la part des acteurs du sport qui trouvent un grand intérêt à notre démarche. Au-delà des aspects esthétiques et responsables qui nous sont chers, l’obtention de ce label répond également à plusieurs enjeux auxquels sont confrontés les clubs et les fédérations. On peut bien sûr parler de visibilité, notamment pour les ligues les moins exposées médiatiquement. Mais les grosses structures y trouvent aussi un intérêt dans le développement et le renforcement de leur image de marque. Le volet financier occupe également une place importante pour les candidats à la certification Fair Play For Planet, puisque de plus en plus de subventions publiques sont aujourd’hui conditionnées. Des acteurs du financement du sport font de l’obtention du label FPFP une condition sine qua non à l’obtention de financements ou de refinancements. Il est aussi conditionné à des opérations de sponsoring, permettant à ces acteurs de jouer un rôle dans la décarbonation du sport et de renforcer les pratiques responsables. En effet, il ne faut pas oublier que le sport est un formidable levier d’accélération pour les transitions. Aujourd’hui, 50% des personnes les plus influentes au monde sont des sportifs ou anciens athlètes de haut niveau, et ça, ça compte quand il s’agit de faire des différences et de faire évoluer les mentalités !
Actualités 23 décembre 2025