Actualités 04 novembre 2025
Sport féminin : construire un modèle durable et équitable
Nathalie Boy de la Tour (LeadHers), Magali Tézenas du Montcel (AthléA Sport Consulting) et Vincent Ponsot (OL Lyonnes) ont partagé leur vision du sport féminin lors de Sport Définition 2025. De la gouvernance aux modèles économiques, ils ont évoqué les leviers d’un développement plus équitable, durable et performant du sport féminin.
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GOUVERNANCE FÉMININE ET LEADERSHIP DANS LE SPORT PROFESSIONNEL
L’expérience démontre que la question du leadership féminin devient cruciale dès lors que les femmes atteignent les plus hautes sphères décisionnelles. « Être une femme dans un milieu masculin, ce n’était absolument pas un sujet », jusqu’à ce que la présidence d’une ligue confronte à un environnement exclusivement masculin. C’est cette confrontation qui a nourri la conviction que l’égalité est centrale, non seulement en nombre mais en représentation. « Il ne s’agit pas d’avoir plus de femmes ou quoi que ce soit […] mais ce qu’il faut, c’est l’égalité. » Atteindre ce seuil critique de 30 % permet à une voix de se faire entendre. Aujourd’hui, l’enjeu est de transformer la gouvernance dans le sport comme cela a été fait dans les entreprises, à travers des lois imposant la parité dans les instances. C’est aussi une affaire de créativité : imaginer un nouveau modèle de gouvernance où les femmes sont représentées à égalité, comme dans d’autres secteurs longtemps fermés, devient une nécessité.
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MÉDIATISATION : CAPTER LES AUDIENCES FÉMININES
La médiatisation est l’un des freins et leviers majeurs du sport féminin. Les grandes compétitions, bien éditorialisées, génèrent des audiences fortes. « Quand le produit est beau, quand il est préparé, l’audience est là. » Pourtant, l’audience reste en majorité masculine, soulignant un enjeu stratégique : attirer les femmes. Cela passe par des contenus adaptés, diffusés sur les bons canaux et valorisant les athlètes au-delà de la seule performance. « Il faut aller chercher les femmes avec d’autres types de contenus. » Pour cela, les marques et les institutions doivent jouer un rôle structurant, en éditorialisant l’image des sportives, en créant un narratif et en mettant en avant leurs trajectoires. Les modèles existent, mais restent trop rares. Une étude révèle que 40 % des Français sont incapables de citer une sportive française. La notoriété reste dominée par des figures historiques, souvent retraitées. Sans héroïnes visibles, il est difficile d’ancrer le sport féminin dans l’imaginaire collectif.
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INVESTIR DANS UN MODÈLE ÉCONOMIQUE PÉRENNE
Le cas de l’OL Lyonnes illustre une approche complète du développement du sport féminin. La conviction de départ est simple : « Si on met les mêmes conditions, elles y arriveront. » Infrastructure, staff, image de marque : tout a été repensé pour créer une identité propre à l’équipe féminine. Jouer au Groupama Stadium, bâtir un centre d’entraînement dédié, créer une marque différenciante : autant d’actions qui ont permis d’attirer un public fidèle et d’amorcer un modèle économique viable. « Cette année, on a arrêté les invitations […] avec des chiffres d’affaires supérieurs aux dépenses. » La rentabilité est possible, mais elle nécessite de l’investissement, du temps, et un cadre législatif adapté. L’arrivée d’investisseurs montre que le sport féminin est perçu comme un marché à fort potentiel, pas comme un simple levier RSE. La réforme à venir doit faciliter cette dynamique. Pour que les clubs puissent bâtir un projet pérenne, ils doivent avoir les moyens d’agir sur tous les leviers : stade, visibilité, structure juridique et communication ciblée.
CONCLUSION
Le développement du sport féminin repose sur une dynamique collective : gouvernance équilibrée, médiatisation ciblée, infrastructures adaptées et modèles économiques viables. En alignant convictions, investissements et stratégies de communication, l’écosystème peut faire émerger une nouvelle génération de sportives visibles, inspirantes et performantes.
Actualités 04 novembre 2025